Par tranche de 400 millions par an d’ici à 2025 au moins, Sanofi s’apprête à investir massivement dans l’ARN messager, une technologie désormais bien connue du grand public car utilisée pour le développement des premiers vaccins contre le Covid-19 comme ceux de Pfizer-BioNTech et Moderna.
L’objectif affiché est le même que ces compagnies : mettre au point une nouvelle génération de vaccins, avec au moins six « candidats » en essais cliniques d’ici à 2025. Ces vaccins seront ciblés sur des maladies infectieuses, mais le laboratoire reste discret sur ses ambitions exactes, après le « fiasco » autour de son propre candidat-vaccin contre le Covid-19.
Sanofi, qui demeure l’un des leaders mondiaux dans le secteur des vaccins, va créer pour cela un centre de recherche qui sera à cheval sur deux sites déjà existant du laboratoire, à Cambridge, aux États-Unis, et à Marcy-L’Étoile, près de Lyon. Ce centre rassemblera 400 salariés, avec des créations d’emplois à la clef.
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« L’ARN messager était en développement dans les maladies infectieuses et dans le cancer. Le Covid a rebattu les cartes et a permis une forme de validation de l’efficacité de cette technologie dans certaines maladies infectieuses, et de sa bonne tolérance », souligne Jean-Jacques Le Fur, analyste chez Bryan, Garnier & Co. Sanofi veut donc se positionner dans une technologie qui pourrait représenter un marché colossal. Et peut-être, donc, redorer son blason écorné durant la pandémie.
Sanofi veut « étendre son portefeuille »
Son vaccin recombinant – avec le britannique GSK – devrait ainsi être commercialisé d’ici à la fin de l’année, soit un an après ses concurrents Pfizer-BioNTech et Moderna, qui ont mis au point les premiers vaccins à ARN messager.
Son autre vaccin contre le Covid-19 – cette fois-ci avec la technologie d’ARN messager -, est développé avec la biotech américaine Translate Bio, avec laquelle il collabore depuis 2018. Mais il n’en est qu’au début des essais sur l’homme. Pour être à la hauteur de ses ambitions, le groupe va intensifier son partenariat avec Translate Bio.
« On ne va pas remplacer nos vaccins actuels, mais étendre notre portefeuille », souligne Thomas Triomphe, vice-président exécutif et responsable monde de Sanofi Pasteur, la branche vaccins de Sanofi. « Notre ambition est d’amener l’ARN messager à l’étape d’après : comment faire évoluer cette technologie en ayant des vaccins thermostables (2 à 8 degrés) et une innocuité améliorée pour pouvoir les utiliser de façon routinière et pas uniquement pandémique », dit-il.
« La grippe est un gros sujet »
Sanofi a d’ailleurs récemment lancé de premiers essais sur l’homme pour un vaccin contre la grippe à base d’ARN messager, soit « avant les annonces similaires d’autres concurrents », fait valoir Thomas Triomphe. « La grippe est un gros sujet, car il faut modifier le vaccin tous les ans, or le vaccin à ARN est visiblement très versatile. Sanofi ne peut pas passer à côté d’un vaccin grippe à ARN messager si ses concurrents montrent que c’est l’avenir : il y a une course contre la montre », analyse Jean-Jacques Le Fur.
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L’an dernier, les vaccins – pédiatriques, contre la grippe, etc. – ont généré quasiment six milliards d’euros de ventes pour Sanofi, soit quelque 17% de son chiffre d’affaires. Parallèlement à cet investissement, le groupe se désengage de molécules matures moins prometteuses. Lundi, il a annoncé qu’il cédait une quinzaine de traitements sans ordonnance à l’allemand Stada.
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