Au premier abord, le tableau est sombre sur le plan sanitaire : après la Corse mardi, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la région Occitanie ont déclenché le plan blanc mercredi. Cette mesure permet de mobiliser l’ensemble des personnels de santé afin d’augmenter le nombre de lits en réanimation et en hospitalisation des patients Covid. Car le personnel hospitalier a tiré la sonnette d’alarme cette semaine suite à l’augmentation de patients dans leurs services sous l’effet du variant Delta. Mais derrière cette situation de crise, les chiffres enregistrés ces derniers jours donnent un peu d’espoir.
Le nombre de cas relativement stable
Tout d’abord, le nombre de contaminations stagne au-dessus de 20 000. Ce mercredi, 28 784 nouveaux cas positifs ont été recensés en 24 h, contre 27 934 mercredi dernier. La moyenne glissante sur sept jours s’établit à 21 910 cas par jour, à peu près stable depuis cinq jours, selon les données de CovidTracker. Dans le détail, on observe que la courbe concernant les 20-39 ans a infléchi légèrement cette dernière semaine.
Nombre de cas positifs au Covid-19
Capture d’écran CovidTracker
Un taux d’incidence en (légère) baisse
Autre signe positif : le taux d’incidence décline aussi très légèrement pour la première fois depuis fin juin (alors que le nombre de tests augmente en vue des départs en vacances et de la mise en place du passe sanitaire).
Covid-19 : évolution du taux d’incidence en France depuis le 15 juillet
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Cette recrudescence n’est visible quasiment que chez les jeunes adultes de 20 à 29 ans, chez qui le nombre de cas pour 100 000 habitants avait atteint un niveau très élevé – il se situait à 448 au 1er aout.
Si l’on prend l’exemple de la Charente-Maritime, la baisse est notable. Au 27 juillet, la courbe du taux d’incidence dans le département concernant les 20-29 ans atteint son pic chiffré à 1018. Une semaine plus tard, on note que le taux d’incidence a dégonflé pour retomber à 664 si l’on regarde les chiffres fournis par CovidTracker. Une bonne nouvelle alors que les spécialistes observaient un rajeunissement de leurs patients dans leurs services de santé.
Selon les données de Santé Publique France, datant du mardi 3 août, les moins de 50 ans représentent 1374 des 7974 hospitalisations dans l’Hexagone. Et 314 des 1331 patients actuellement en réanimation. Cependant, le taux d’incidence est en hausse chez toutes les autres tranches d’âge, c’est donc pour cela qu’il reste stable – autour de 225 cas pour 100 00 habitants – depuis deux jours tous âges confondus.
Taux d’incidence en France selon les tranches d’âge
Capture d’écran CovidTracker
L’exemple des Landes ou des Pyrénées-Orientales
Sur le plan géographique, la baisse du taux d’incidence est constante dans une vingtaine de départements, parmi lesquels Paris, la Gironde, les Pyrénées-Orientales et les Landes. Dans ce dernier, le taux d’incidence s’élevait à 307 contaminations pour 100 000 habitants le 23 juillet, contre 285 pour 100 000 actuellement.
Cette tendance est encore plus importante dans les Pyrénées-Orientales : alors qu’on y détectait 636 cas pour 100 000 habitants le 18 juillet, le taux d’incidence a depuis été ramené à 534. A noter que le département s’était distingué en étant parmi les premiers à remettre en place des restrictions sanitaires à la mi-juillet avec la fermeture des bars et restaurants à 23 heures. La plus forte baisse revient à la Nièvre, qui affiche un taux d’incidence de 45 : -19,5% en une semaine.
Un taux de reproduction à la baisse
Le taux de reproduction du virus voit aussi sa courbe s’infléchir. A la mi-juillet, il était mesuré à 2,2 – c’est-à-dire que chaque malade contaminait en moyenne 2,2 individus sains. Désormais, il est estimé à 1,76. Cette tendance peut s’expliquer par plusieurs facteurs : plus d’un Français sur deux est complètement vacciné et la le retour de certaines restrictions sanitaires a favorisé la reprise des gestes barrière. De façon plus générale, « la crainte d’une flambée épidémique a pu impacter le comportement des gens, même si on ne dispose pas de base de données pour l’établir précisément », indique dans Le Parisien Mircea T. Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies à l’Université de Montpellier.
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Reste que ces chiffres sont à prendre avec précaution : à l’hôpital, la hausse du nombre de patients se poursuit. Le nombre d’admissions quotidiennes y est passé de 110 à 560 en trois semaines. Mercredi, on recensait 8134 personnes hospitalisées en France à cause du Covid-19, contre 7200 la semaine passée. Si Bruno Megarbane, chef du service de réanimation à l’hôpital Lariboisière à Paris a admis sur BFMTV, qu’il n’y a pas d’augmentation importante » de patients actuellement, le fait que le regain de l’épidémie arrive en pleine période de congés d’été alimente l’inquiétude des spécialistes. « Au-delà des seuls chiffres d’incidence, la situation de nos établissements pourrait faire de cette quatrième vague la pire. De 10% à 50% des lits sont actuellement fermés dans les hôpitaux publics faute de personnel », avançait cette semaine dans L’Express le professeur Gilles Pialloux, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon.
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